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DJIBRIL THIAM : Coordonnateur national d'Action de carême Suisse au Sénégal

Campagne de commercialisation de l’arachide : Menaces réelles sur le capital semencier

La campagne agricole de cette année 2023 est partie pour être des plus déterminantes quant au devenir du secteur de l’agriculture au Sénégal. Au-delà des perturbations consécutives aux changements climatiques et leurs impacts sur les rendements, la question de la sécurisation du capital semencier se pose aujourd’hui avec acuité. Pour une concurrence accrue et déloyale qui semble bénéficier de l’onction du pouvoir étatique. Car, à y regarder de près, on a comme l’impression que sur le marché, ce sont les opérateurs chinois qui dictent leurs lois. En effet et force est de l’admettre et de le regretter, la campagne de commercialisation de l’arachide a déjà tout d’un fiasco pour les huiliers locaux qui ne peuvent s’aligner sur les prix proposés par les acheteurs chinois. Aussi l’impression qui se dégage au regard du démarrage même de la présente campagne renvoi à du déjà vu tellement les similitudes avec la campagne de 2020 sont patentes. Les exportateurs chinois achètent les récoltes au prix fort auprès des producteurs, au détriment des huiliers locaux qui n’ont pas les moyens de s’aligner.

Des états de fait assez inquiétants que corroborent la sortie médiatique faite par directeur général de la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal, SONACOS, à une semaine de la fin du mois de novembre. « Nous n’avons pas encore collecté de graines si ce n’est pour notre usine de Louga. Pour dire une seule usine parmi les 7 installées dans le pays ».

Une situation qui va de soi. Car même si la SONACOS, premier huilier du pays qui emploie au moins 2 000 personnes propose aux producteurs un montant supérieur au prix plancher fixé par le gouvernement 325 F CFA le kilogramme contre 275 F CFA, il reste de toute évidence, pour convaincre les paysans qui reçoivent entre 350 et 400 F CFA le kilo gramme des mains des exportateurs étrangers. Mais au-delà, cette situation, se posant dans un contexte de marasme économique et d’insécurité alimentaire, peut avoir des conséquences néfastes sur le secteur agricole au cas où les producteurs se trouvaient dans l’obligation
de mettre les réserves semencières sur le marché pour des questions de survie. Alors là, bonjour les dégâts.

Ce serait un coup terrible pour le capital semencier mais aussi la porte ouverte aux semences OGM. La conséquence en étant que plus de la dépendance alimentaire, le pays devra faire face à une dépendance semencière avec tous les risques que cela peut comporter surtout avec loi sur les
OGM votée en catimini par l’assemblée nationale juste à la fin de la 13ième législature. Ces craintes sont d’autant justifiées que le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine est loin de s’estomper. Et, ce que personne ne souhaite, s’il s’internationalise, il est évident que tous les pays fournisseurs de denrées alimentaires comme le riz, le maïs entre autres vont se recroqueviller sur eux-mêmes pour des raisons de sécurité alimentaire.

Djibril THIAM.

Coordinateur National.

thiam@fastenaktion.org

Mme Ndiaye Ndeye Ndébane WADE.

Coordinatrice Assistante

Mme FAYE Mariama SYLLA

Chargée de l’administration et de la comptabilité